Emmanuel d’INCAU (Bordeaux)
La médecine dentaire du sommeil
Le sommeil est un état physiologique, réversible et adaptatif qui assure différentes fonctions fondamentales telle que la maturation cérébrale, la cognition, la régulation émotionnelle, la sécrétion hormonale, la régulation du système immunitaire, etc. Ces différentes fonctions peuvent être perturbées en présence de troubles du sommeil ce qui peut entrainer des répercussions majeures sur la santé, le bien-être, la scolarité, la vie sociale et professionnelle ainsi que d’importants coûts économiques. Il est donc fondamental que les professionnels de santé soient formés à la médecine dentaire du sommeil (MDS) qui se consacre à l’étude des causes et des conséquences bucco-dentaires et maxillo-faciales de certains troubles du sommeil ainsi qu’à leur prise en charge. Cette discipline encore confidentielle en France a été développé il y a près de vingt-cinq ans à Montréal par Gilles Lavigne et ses collaborateurs. Elle permet de mieux comprendre les interactions entre certains troubles comorbides et/ou affections cooccurrentes. Ceci est notamment le cas :
– des douleurs orofaciales (dento-alvéolaires, musculo-squelettiques, neuropathiques, céphalées) qui peuvent perturber le sommeil ou réciproquement qui peuvent être initiées et/ou aggravées par un trouble du sommeil tel que le trouble insomnie chronique et/ou le Syndrome d’Apnées-Hypopnées Obstructives du Sommeil (SAHOS);
– des troubles respiratoires du sommeil comme le SAHOS qui est fréquemment associé à la maladie parodontale ;
– du reflux gastro œsophagien (RGO) lié au sommeil qui peut être assimilé à un trouble du sommeil (lorsqu’il perturbe sa continuité et/ou lorsqu’il entraine un préjudice à l’éveil de type somnolence) et/ou à un facteur de risque au niveau bucco-dentaire (lorsqu’il est susceptible d’induire une usure dentaire érosive pathologique)
– de certains troubles des mouvements mandibulaires comme les dyskinésies, les dystonies ou le bruxisme lié au sommeil qui peuvent perturber le sommeil et/ou être des facteurs de risque au niveau de l’appareil manducateur (douleurs musculo-squelettiques, usure dentaire pathologique, etc.),
– certains troubles de l’hydratation endo-buccale comme la sécheresse buccale, ou l’hypersalivation qui peuvent perturber le sommeil ou accentuer l’usure dentaire.
La médecine dentaire du sommeil permet également d’améliorer la prise en charge de ces différents troubles mais ceci impose à tout professionnel de santé d’acquérir des connaissances spécifiques dès la formation initiale mais également tout au long de la formation continue.