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Sylvie AZOGUI-LÉVY (PARIS)


AZOGUI

Chirurgien-dentiste

Docteur en Santé Publique

Habilitation à Diriger des Recherches

Professeure des Universités Praticien Hospitalier, Université de Paris et Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière. 

Chercheure au Laboratoire Educations et Pratiques en Santé EA 3412

Responsable du département de santé publique à l’UFR d’Odontologie de Paris 7.

Vice-présidente du collège des enseignants en santé publique.

 

Définir le concept de la prévention

La santé est une ressource de la vie qui nous permet d’identifier nos aspirations, de les réaliser et de changer nos milieux de vie. A partir de ce postulat, nous repartirons sur les définitions de la promotion de la santé et de la prévention.

La notion de prévention décrit l'ensemble des actions, des attitudes et comportements qui tendent à éviter la survenue de maladies ou de traumatismes ou à maintenir et à améliorer la santé. Nous distinguerons la prévention ciblée et la prévention universelle du sujet ou de la population qui renvoie à l'idée de promotion de la santé. 

La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci. Elle consiste ainsi à permettre aux individus de mieux maîtriser les déterminants de la santé. C’est un concept positif. Elle se situe en amont du continuum santé-maladie. Nous développerons un des concepts fondamentaux qui est celui d’autonomisation ou d’empowerment de la personne.

La prévention ciblée englobe les interventions individuelles allant du dépistage précoce aux actions d’éducation et de formation des professionnels de santé et nous discuterons les notions d’acceptabilité et d’efficacité des interventions préventives.  La plupart des pathologies actuelles partagent des facteurs de risque communs et il nous semble pertinent d’avoir une approche globale et de développer des méthodes appropriées.

Les soins préventifs regroupent les éducations en santé, à savoir l’éducation pour la santé et l’éducation thérapeutique. Ce sont les éléments indispensables d’une intervention préventive qui doit être conçue comme une alliance médico-socio-éducative et donc pluri-professionnelle.


Jean-Daniel ORTHLIEB (MARSEILLE)
Orthlieb_ ADF 2019 photo

Docteur en Chirurgie Dentaire (DSD)

Docteur en Sciences Odontologiques (DSO)

Docteur de l’Université de la Méditerranée (Phd)

H.D.R, 

Professeur des Universités

Responsable de l’UF fonctions/dysfonctions orales

Visiting Professor of Donau University – Krems – Autriche

Past-Président du Collège National d’Occlusodontologie (CNO)

Past-Président of « International Academy of Advanced Interdisciplinary Dentistry »

Plus de 130 publications, 7 livres.


Poser le cadre des DTM

La confusion règne en maitresse dans les dysfonctionnements Temporo-mandibulaires (DTM) à commencer dans leur définition et la classification des sous-catégories. Il suffit pour s’en convaincre de lire la dernière publication du consortium « DC/TMD ». Cette présentation visera à favoriser une vision claire des DTM. Le DTM, sous-catégorie des douleurs orofaciales, est une myoathropathie de l’appareil manducateur qui peut être primaire (idiopathique ou autogène = troubles d’origine fonctionnelle) ou secondaire (troubles métabolique régional ou général – systémique). L’étiopathogénie doit se comprendre dans un modèle à 3 dimensions : mécanique, psychologique, biologique.

Le diagnostic est principalement clinique, souvent simple : bruit articulaire, algie faciale modulée par la fonction, dyscinésie mandibulaire (BAD). La prise en charge non invasive par conseils, rééducation comportementales, physiothérapie est largement efficiente. Il existe, de manière rare, toujours simple, des indications de modifications occlusales visant à favoriser les adaptations fonctionnelles. L’indication des gouttières occlusales est ainsi à la baisse.

Les vraies difficultés thérapeutiques sont liées à la superposition d’un syndrome douloureux chronique, d’une hypervigilance, d’une occlusoconscience exacerbée, le tout souvent provoqué par des traitements mal conduits.


Gauthier CAZALS (AGEN)Cazals_photo
 

Docteur en Chirurgie Dentaire

DU Troubles Fonctionnels Orofaciaux (Hôpital Charles Foix, Ivry sur Seine)

Pratique libérale Agen


Examen clinique des DTM

  D’après une revue systématique, les principaux dysfonctionnements temporo-mandibulaires (DTM) seraient retrouvés dans 9 à 16 % de la population générale. Ce terme de DTM regroupe plusieurs entités très différentes dont les principales sont les douleurs musculaires, articulaires, les déplacements discaux, l’ostéoarthrose, l’ostéoarthrite, avec ou sans limitation d’ouverture buccale.

Depuis 2014, un regroupement d’experts internationaux dans ce domaine a établi des critères diagnostiques pour les principaux DTM, les Diagnostic Criteria / Temporo-Mandibular Disorders (DC/TMD). Il est important de connaître ces critères et leurs limites.

  3,6 à 7 % de la population générale consulte pour un DTM. Le chirurgien-dentiste est régulièrement confronté à ces patients. Actuellement, son rôle n’est pas seulement de prendre en charge les patients ressentant le besoin de consulter. Il doit aussi prévenir l’apparition de DTM. Ainsi, un dépistage rapide systématique permet d’adapter les séances de traitement au cabinet dentaire pour limiter leur apparition.

   Nous proposons une approche diagnostique basée sur les DC/TMD, structurée autour d’une fiche clinique permettant un diagnostic de DTM ainsi que la recherche des facteurs de risque associés. Cette fiche clinique est utilisée actuellement au sein du service des Troubles Fonctionnels Orofaciaux de Charles Foix à Ivry-sur-Seine.

   Deux approches sont proposées en fonction de la situation. La première consiste en un rapide diagnostic systématique des patients avant une prise en charge de soins au cabinet dentaire. La deuxième est une consultation plus spécifique à réserver aux patients consultants pour un DTM.




Sandro PALLA (ZURICH - Suisse)

 

Professeur émérite de l'Université de Zurich (Suisse), il est l'auteur de nombreux articles de recherche sur les troubles PALLA
craniomandibulaires, les douleurs orofaciales, la biomécanique de l’articulation temporo-mandibulaire, l'imagerie ATM, l'esthétique et la prothèse amovible et il a donné des conférences à travers le monde sur ces sujets. 

Il est un membre actif de plusieurs associations internationales de la douleur et de soins dentaires dont pour certaines il fut président. 

Il a été rédacteur en chef adjoint du Journal of Orofacial Pain de 1997 à 2018


Occlusion : adaptation et maladaptation. Le rôle de la neuroplasticité

Il est admis que l'occlusion dentaire a un rôle majeur dans l’amélioration des traitements restaurateurs et de prothèse afin de fournir des contacts bilatéraux visant un confort et une stabilité de la mâchoire. Cependant, l'occlusion ne doit plus être considérée simplement comme le schéma occlusal déterminant les relations statiques ou dynamiques entre les arcades dentaires ou la position des maxillaires mais dans un cadre plus large. Cela comprend (i) la modulation de l'entrée somatosensorielle provenant des mécanorécepteurs dentaires et orofaciaux par le cerveau, (ii) l'interprétation consciente de cette entrée par le patient, et (iii) la neuroplasticité sensorimotrice. Le degré de vigilance du patient vis-à-vis du stimulus somatosensoriel est probablement central dans ce processus, car l'attention augmente le degré de perception. Ainsi, les patients hypervigilants vis-à-vis de l'environnement buccal sont probablement plus sensibles aux stimuli anormaux. Néanmoins, l'hypervigilance est probablement une cause nécessaire mais non suffisante de mauvaise adaptation comme en cas d'hypervigilance occlusale symptomatique (dysesthésie occlusale). Cela nécessite un déséquilibre entre les processus perceptifs et cognitifs ainsi qu'une affectivité négative et un comportement anormal de maladie.
La neuroplasticité sensorimotrice est essentielle pour ajuster les mouvements à une  situation occlusale et / ou orale modifiée, comme elle se produit après une modification de la position de la mâchoire, inséré de nouvelles reconstructions, modifié l'espace de la langue. Dans certains cas, cependant, cela peut également conduire à des comportements oraux inadaptés. Reconnaître que la neuroplasticité sensorimotrice ne conduit pas toujours à une adaptation spécifique du comportement moteur au contexte, empêche de mener des traitements erronés et potentiellement nocifs.


Ambrosina MICHELOTTI (NAPLES - Italie)
 

Ambrosina Michelotti est diplômée en médecine dentaire (DDS) en 1984. Michelotti

Diplôme honorifique en dentisterie à l'Université de Malmö (Suède) en 2018. 

Professeur titulaire en orthodontie et gnathologie clinique. 

Directeur de l'école post-graduée en orthodontie et cours de Master sur «la douleur orofaciale et les dysfonctions temporomandibulaires » à l'Université de Naples Federico II. 

Rédacteur en chef de la revue Orthodontic and Craniofacial Research, rédacteur en chef adjoint de l'European Journal of Oral Science et du Journal of Oral Rehabilitation, membre du comité de rédaction de l'European Journal of Orthodontics


Mise à jour sur l'étiopathologie des DTM : malocclusions, asymétrie, classe II squelettique, hyperdivergence, articulé inversé
L'occlusion a été considérée depuis des années comme l'un des principaux facteurs étiologiques à l'origine des dysfonctionnements temporomandibulaires (DTM). Néanmoins, à l'heure actuelle, les associations signalées sont peu nombreuses, faibles et non cohérentes à travers les études. De plus, la correction de la malocclusion par un traitement orthodontique n'a pas modifié le risque de développer des bruits de l'ATM. Par conséquent, à l'heure actuelle, le rôle de l'occlusion dans l'étiologie des DTM n'a pas été clairement abordé et ne doit donc pas être surestimé, considérant également que, dans certains cas, les modifications occlusales pourraient être la conséquence plutôt que la cause des DTM. Les altérations de l'articulation temporo-mandibulaire (ATM), y compris les troubles congénitaux du développement (ex: aplasie, hypo ⁄ hyperplasie), acquises (ex: néoplasmes) et inflammatoires (ex: arthrites systémiques, arthrite rhumatoïde), peuvent provoquer des modifications occlusales. En effet, le concept de base d'occlusion doit être élargi à partir de la seule entrée périphérique, se référant principalement à la façon dont l'adaptabilité anatomique et centrale réagit à ce stimulus. Par conséquent, l'adaptabilité individuelle des patients doit être prise en compte par les cliniciens pour prévenir les comportements inadaptés iatrogènes.

DTM et orthodontie : protocoles de prévention
Prise en charge du DTM avant, pendant et / ou après l'orthodontie

Il est recommandé de commencer par rechercher un historique précis et un examen DTM complet, un dépistage de l'évaluation biocomportementale, évaluer l'intensité de la douleur, l'interférence de la douleur dans la fonction, et la dépression. Les diagnostics peuvent être faits selon des critères validés, et d'importants attributs psychosociaux sont obtenus à partir de l'évaluation biocomportementale. Si la plainte principale du patient est une douleur, la première étape consiste à poser un diagnostic différentiel pour déterminer si la douleur est due à un DTM douloureux, ou à une autre maladie. La deuxième étape consiste à diminuer la douleur en suivant un protocole de traitement axé sur les symptômes et comportemental. En règle générale, un traitement de restauration ou orthodontique ne doit pas être initié tant qu'un patient souffre de douleurs faciales. Si la plainte principale du patient est une maladie articulaire, la première étape consiste à poser un diagnostic différentiel afin de déterminer s’il s’agit d’un déplacement discal, d’une maladie dégénérative des articulations, ou d’une subluxation. La deuxième étape dépend du diagnostic spécifique.
Au début du traitement dentaire avec un patient sans DTM, le patient doit être informé que, parce que les caractéristiques de DTM sont très répandues dans la population générale et que l'étiologie est multifactorielle, il n'est pas possible d'établir une association causale entre l'apparition potentielle et le traitement dentaire. Si le patient présente par la suite des signes ou des symptômes de DTM pendant un traitement dentaire actif, la première étape consiste toujours à évaluer, comme décrit précédemment, et à établir le diagnostic différentiel. La deuxième étape consiste à arrêter temporairement le traitement dentaire actif. La troisième étape consiste à résoudre la douleur en suivant une approche thérapeutique axée sur les symptômes et comportementale. Par la suite, lorsque le patient est indolore (ou lorsque la douleur est gérée de manière fiable), le traitement dentaire peut être poursuivi comme prévu initialement ou, si nécessaire, modifié en fonction de l'état et de la prise en charge du patient.


Fernando EXPOSTO (AARHUS - Danemark)

EXPOSTO

PhD in Health Sciences, Aarhus University, Aarhus, Denmark (2016-2019)

Master in Headache Disorders, Copenhagen University, Copenhagen, Denmark (2016-2018)

Orofacial Pain Residency, University of Kentucky, Lexington, USA (2013-2015)

Master in Dental Sciences, Danube University, Krems, Austria (2007-2011)

DDS, ISCSEM, Lisbon, Portugal (2001-2007)



Facteurs associés aux DTM

Il a été démontré que les DTM sont des troubles biopsychosociaux et multifactoriels et, en tant que tels, il est peu probable qu'un facteur unique soit responsable du développement d'un DTM douloureux. De plus, différents facteurs semblent être responsables de l’apparition et de l’entretien d'un DTM douloureux. Par exemple, dans la cohorte OPPERA, les lésions de la zone faciale (attribués au bâillement, à l'ouverture prolongée de la bouche, etc.), le rapport de migraine lors de la première prise-en-charge et les symptômes d'apnée obstructive du sommeil sont fortement liés à l'incidence des DTM. D’autre part, des facteurs tels que l'intensité de la douleur et un nombre plus élevé de comorbidités (comme la fibromyalgie, l'insomnie et la dépression) semblent augmenter le risque d’entretien de la douleur. Dans cette conférence, nous discuterons de certaines des comorbidités les plus courantes responsables de l’apparition et de l’entretien d'un DTM douloureux.

Mode de vie et DTM
De nombreux facteurs liés au mode de vie ont été associés à un DTM douloureux, notamment le stress, la qualité du sommeil, la prise de médicaments et d'alcool ainsi que le tabagisme. À titre d'exemple, des études ont montré que la qualité du sommeil se détériore avant l'apparition du DTM et que chez les individus avec des diplotypes COMT de faible activité l'effet du stress perçu sur la douleur DTM est amplifié, mais pas chez les individus avec des diplotypes COMT de haute activité. De plus, des doutes subsistent quant à l'importance du tabagisme dans le développement et la persistance d’un DTM. Fort de ces raisons, cette conférence se concentrera sur certains des facteurs de mode de vie les plus courants dont le clinicien doit être conscient et peut tenter de modifier lors de la prise en charge des patients atteints de DTM.



Philippe VILLENEUVE (PARIS)VILLENEUVE
 

Podologue, Ostéopathe, MSc

Président Association Posturologie Internationale

Coordinateur pédagogique DU Douleurs chroniques et posturologie (UPEC)

DU de Physiologie du mouvement et de la posture (Université Paris XI)

DU de Posturologie Clinique (Université Paris VI)

DU Perception Action Troubles des Apprentissages (Université de Bourgogne)

Professeur invité : Master Posturologie et podoposturologie  (Université Barcelone Es)

Chargé de cours :  Université Paris XII (DU Douleur, DU Douleurs chroniques et posturologie), Université Camilo José Cela Madrid (Espagne), 

Publications : Editeur ou co-éditeur de 10 livres, Revues et chapitres d’ouvrage : 70 articles dont 8 dans revues internationales
 

Adaptabilité : rôle du contrôle postural

La vision systémique de la posturologie, s’appuyant sur la biomécanique et les neurosciences, permet d’envisager des synergies entre les différentes parties du corps, notamment ces extrémités les pieds et la tête. Comme la posturologie est encore insuffisamment connue par les praticiens de l’art dentaire, ceci nécessite des explications succinctes. Notamment en relation avec la compréhension des centres et voies neurologiques liées à la modulation de la nociception et de la douleur ainsi qu’au contrôle du tonus musculaire ; deux notions clés partagées dans l’abord de la douleur du corps et des DTM.

Si l’adaptabilité est une notion récente pour les odontologistes, elle est connue depuis plus longtemps par l’ensemble des praticiens travaillant sur la posture. Elle dépend tout particulièrement de l’hypersensibilisation centrale, un des facteurs clés favorisant les hypertonies musculaires, tels le bruxisme et les douleurs chroniques non spécifiques telle la migraine. 

Comme chaque patient a ses propres capacités d’adaptation, finies et variables dans le temps, en fonction de facteurs notamment bio-psycho-sociaux et posturaux, il est important d’estimer sa capacité d’adaptation à un moment donné. Ce qui devrait éviter, ou tout du moins limiter les risques, de voir apparaître divers symptômes (décompensation) lors des traitements dentaires et/ou orthodontiques.

Grâce à des tests évaluant le tonus musculaire, il est possible de dépister un « patient à risque » (hypersensibilisation). Cela permet, soit d’envisager l’apport d’un traitement buccal (orthèse, neurostimulations : ALPH…) ou neurales (neurostimulations manuelles) afin de restaurer l’adaptabilité, soit d’orienter le patient vers un autre thérapeute.

Ces aspects seront traités lors de l’exposé sous couvert de références bibliographiques.


Antoon DE LAAT (LEUVEN - Belgique)
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Le professeur Antoon DE LAAT, DDS, PhD est responsable de la 

clinique de TMD et de Douleur Orofaciale et de l'enseignement de la physiologie bucco-dentaire au Département des Sciences de la Santé bucco-dentaire de la KU Leuven, Belgique. 

Son travail scientifique a mené à plus de 200 articles et résumés. Il a donné des conférences dans le monde entier, et il a été Rédacteur Associé de plusieurs revues et (ancien) président de nombreuses sociétés scientifiques internationales. En 2009, il a reçu le doctorat Honoris Causa del'Université d'Aalborg, au Danemark. De 2011 à 2018, il a présidé le département dentaire de l'Univ. Hôpitaux KU Leuven.
 

DTM et pronostic. 

De nombreuses études longitudinales sur l’évolution naturelle des dysfonctionnements temporo-mandibulaires ont illustré l’évolution bénigne de la plupart des symptômes de douleur et de dysfonction, y compris dans le cas de problèmes irréversibles d’ordre mécanique comme un déplacement discal antérieur non réductible. Ces résultats renforcent l’approche générale d’une prise en charge réversible, non-invasive et faiblement technologique. Cependant, quelques questions persistent, dans la mesure où le pronostic pourrait varier comme dans le cas de maladies systémiques sous-jacentes (par exemple, une arthrite rhumatoïde) ou dans le cas de facteurs de risques qui pourraient prédisposer au développement d’une maladie chronique. De récentes études prospectives comme le projet OPPERA ont davantage mis en lumière ces facteurs de risques qui doivent être pris en compte pour chaque nouveau patient.  L’opportunité de “sortir du lot” les patients qui sont davantage à risques de développer des problèmes à long terme va soutenir une stratification plus optimale du protocole de prise en charge. 

Afin de soutenir l’évolution naturelle bénigne, il est de la plus haute importance d’impliquer le patient dans une prise de décision partagée, en lui expliquant son rôle crucial dans le soutien du processus de santé, augmentant ainsi alliance thérapeutique et par voie de conséquence renforçant la compliance. Ces facteurs, précédemment catalogués comme “ effets placebo positifs” sont progressivement mieux compris comme faisant partie de la physiologie soutenant la perception de la douleur et la santé, et devraient donc être considérés comme des moyens d’action importants dans la prise en charge de chaque patient.


Paul PIONCHON (CLERMONT-FERRAND)
 

Docteur en Chirurgie-dentairePIONCHON

Maîtrise de biologie humaine (Neurophysiologie fonctionnelle)

Docteur de l’Université Claude-Bernard (Psychologie Médicale)

Psychologue Diplômé d’Etudes Approfondies, Université Lumière, Lyon

Maître de Conférence des Universités, Université d’Auvergne

Praticien Hospitalier (Responsable UF  269 « Consultation douleurs orofaciales », Service d’Odontologie, Hôpital Estaing, CHU de Clermont-Ferrand)

Chercheur clinicien   (Neurodol, Inserm U1107)

Président honoraire  du Collège National d’Occlusodontologie

Président honoraire  du Collège National des Chirurgiens-Dentistes de la Douleur

Président honoraire  de la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur

Président honoraire  de la European Academy of Craniomandibular Disorders

Membre du Comité Scientifique de la revue  « France Acouphènes 
 

La fonction de l’entretien clinique

Si la santé peut être considérée comme « la vie dans le silence des organes » (Leriche 1936) la survenue d’un événement somatique dysfonctionnel, douloureux, handicapant… ne peut que solliciter plus ou moins un vécu désagréable du sujet, tant dans sa composante somatique que psychologique et sociale.

Face à cet être souffrant qui nous interroge, nos compétences médicales doivent nous permettre d’établir un diagnostic, un pronostic, une proposition de traitement.

Mais qu’en est-il de ce malade, de son vécu, de ses craintes, de ses attentes ?

Qu’attend-il de nous ? Relève-t-il de notre compétence ?

Pour répondre à cette attente nous devons établir avec ce sujet une relation de confiance mutuelle afin de pouvoir recueillir les éléments diagnostiques nécessaires afin d’éclairer le patient et convenir d’une prise en charge thérapeutique adaptée à la symptomatologie, aux possibilités de cette personne et la rendre dans la mesure du possible acteur de son traitement.


Corine VISSCHER (AMSTERDAM - Pays-Bas)
VISSCHER

Corine M. Visscher est professeur au département de douleur et de dysfonction orofaciale (OPD), et directrice de l'école dentaire, toutes deux à l'Academic Center of Dentistry Amsterdam (ACTA). Ses recherches et ses intérêts cliniques se sont concentrés sur les patients souffrant de douleur chronique, les TMD et les maux de tête. Au département OPD, elle travaille dans une équipe multidisciplinaire composée de dentistes spécialisés, de physiothérapeutes et d'un psychologue. 

Corine Visscher a publié plus de 70 articles dans des revues internationales à comité de lecture. Elle est l'un des auteurs de la dernière édition des lignes directrices de l'American Academy of Orofacial Pain (AAOP) et membre du Physical Therapy Board of Craniofacial and Cervical Therapeutics (PTBCCT).


Physiothérapie

Dans cette conférence, Corine Visscher présentera les possibilités de la physiothérapie dans la prise en charge des patients atteints d'un Dysfonctionnement Temporo-Mandibulaire (DTM).

Pour différents sous-types de DTM, elle présentera les différentes modalités de traitement que les physiothérapeutes peuvent appliquer dans le cadre du traitement pluridisciplinaire des patients DTM.

Plus spécifiquement, elle discutera des options de traitement de physiothérapie pour les patients présentant un déplacement discal antérieur sans réduction, une hypermobilité avec luxation, une arthralgie et une myalgie (avec ou sans limitations de mouvement).

Des recommandations seront fournies pour décider si un patient peut être traité en soins primaires ou s'il doit être adressé à des soignants plus spécialisés.

Les principes de l'éducation sur la douleur pour les patients souffrant de douleurs chroniques seront également présentés.


Bernard FLEITER (PARIS)
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Docteur en Chirurgie Dentaire 

Maître de Conférences des Universités – Université de Paris -Praticien Hospitalier, 

Faculté de Chirurgie Dentaire, Université Paris René Descartes

Responsable de la consultation de prise en charge de la douleur et troubles fonctionnels orofaciaux -Hôpital Charles Foix Ivry sur Seine

Ancien Président  du Collège National d’Occlusodontologie (CNO)

Past president de European Academy of Cranio-mandibular Disorders (EACD)

Membre de l’International Association for Study of Pain (IASP)
 

Informer/ rassurer/ surveiller, versus orthèses

La prise en charge des Troubles Fonctionnels ou Dysfonctionnements de l’Appareil Manducateur (DAM) se résume bien souvent à la réalisation d’une orthèse occlusale, plus communément encore nommée gouttière. Si cette thérapeutique bien codifiée répond favorablement aux objectifs thérapeutiques, à savoir diminuer la douleur articulaire et/ou musculaire, élargir le champ fonctionnel des mouvements mandibulaires et protéger les articulations temporo-mandibulaire ainsi que la denture en présence de bruxisme, elle présente toutefois des limites et des risques dans certains cas lorsque sa mise en œuvre ne répond pas aux conditions fonctionnelles. 

Les limites des orthèses sont également liées au fait que le patient n’est pas acteur des changements , n’est pas impliqué comme il pourrait l’être si l’on adopte le concept de la médecine centrée sur le patient. Dans cette démarche, les explications , la gestion des facteurs d’entretien liés au stress, à la consommation de certains médicaments ou produits, participent grandement à la résolution des symptômes. 

En présence de craquements évoquant un remaniement de type arthrose, une imagerie CBCT des ATM sera réalisée afin de suivre l’évolution du processus. La prise en charge, en dehors des prises d’anti-inflammatoires dans les phases algiques, se bornera à assurer un calage molaire efficace éventuellement au moyen d’une orthèse occlusale, portée en permanence dans ce cas, avant de pouvoir restaurer une occlusion stable.

Le dysfonctionnement de langue, souvent impliqué dans les DAM, rend difficile la réalisation des orthèses, qui retardent la rééducation linguale, si l’on décide de la pratiquer. 

Les claquements articulaires non douloureux, s’ils inquiètent parfois les patients, ne revêtent pas de caractère délétère mais pourront toutefois bénéficier d’une prise en charge se limitant à la réalisation d’exercices spécifiques par le patient. Les thérapeutiques physiques mises en œuvre par le kinésithérapeute ou par le patient lui-même, sont très souvent suffisantes et constituent les traitements non invasifs les plus adaptés pour assurer la réadaptation fonctionnelle de l’appareil manducateur. Ces traitements simples sont très  efficaces bien que certains praticiens ne les considèrent pas encore comme tels.. Le bénéfice observé en terme de réduction de la douleur, augmentation de la mobilité mandibulaire et cervicale, démontre l’intérêt de ces thérapeutiques .

Il est désormais admis que la réhabilitation fonctionnelle de l’appareil manducateur ne passe pas par la modification anatomique des dents ou autre élément musculo-squelettique, mais par l’exploration et réappropriation des champs fonctionnels lorsque l’inflammation est gérée. Ainsi si des traitements de dentisterie restauratrice sont nécessaires, ceux ci pourront être conduits lorsque la douleur est prise en charge efficacement et le contexte anxio-dépressif, souvent entretenu par la douleur, amélioré. 

Les troubles du sommeil, les apnées, les dysfonctionnements de langue et le bruxisme constituent des comorbidités et/ou facteurs d’entretien des ADAMs  et autres douleurs orofaciales, qu’il est important de dépister au plus vite évitant ainsi le nomadisme médical et les conflits d’opinion entre praticiens, facteurs  participant de la chronicisation de la douleur. 

 
Dernière modification : 02/07/2022
 
 
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